Comment choisir un facteur d’émission ? 

21 Mar 2024 | Les bonnes questions à se poser

facteur d’émission 
Qu’est-ce qu’un facteur d’émission ? 

Un facteur d’émission (FE) est un ratio de quantité de gaz à effet de serre (GES) émis sur le périmètre de mesure d’une activité : un bien ou un service. Il permet de convertir une quantité d’activité en impact environnemental. Son intensité carbone peut être liée aux étapes de l’analyse de cycle de vie (ACV) : extraction, fret amont, transformation, distribution, utilisation, déconstruction, traitement des déchets. Un FE peut porter sur une étape spécifique de l’ACV ou bien sur plusieurs à la fois. Il peut aussi être géographique : relatif à un continent, un pays ou une région donnée.

Quand la quantité de GES émis dans l’atmosphère par une activité donnée n’est pas directement connue, le FE permet de l’estimer par le calcul. Le choix du FE le plus juste est donc la clé d’un Bilan Carbone réussi.

Quels critères sont considérés dans le choix d’un facteur d’émission ? 

Le choix des bons FE est crucial pour l’élaboration d’un bilan carbone fiable et précis. En effet, il faut utiliser celui se rapprochant le plus de l’activité en question. Pour cela, il faut au préalable recueillir toutes les informations nécessaires à la bonne compréhension de l’activité à laquelle on va associer des émissions de GES.

1. Les unités

Il existe de grandes catégories de FE : les FE monétaires et les FE à grandeurs physiques. Un FE monétaire relate l’intensité GES de flux économiques (milliers d’euros d’assurances, de publicité, de sous-traitance), tandis qu’un FE physique relate l’intensité GES d’activités physiques (kWh électriques consommés, tonnes de matières premières achetées). Les FE physiques sont toujours à privilégier aux FE monétaires.

Si le facteur d’émission recherché n’est pas monétaire, il faut s’assurer que l’unité de mesure du FE corresponde à l’unité de l’activité. Si une activité et un FE sont exprimés dans la même grandeur physique, mais que l’unité n’est pas la même, il est possible d’effectuer une conversion afin de faire correspondre ces données. Par exemple :

1 tep (tonne équivalent pétrole) = 11 630 kWh 

2. La localisation

Le choix d’un facteur d’émission peut s’affiner selon la localisation géographique de l’activité. En effet, l’intensité carbone pour un même service peut fluctuer selon les pays. Cela peut s’expliquer par des différences de mix énergétique ou bien de procédés. Le kWh d’électricité en France est en moyenne 15 fois moins carboné que son homologue polonais. Le facteur d’émission de l’aluminium peut varier de 5 à 23 kgCO2e/tonne selon le pays d’origine. Avoir la localisation des activités est donc un atout pour l’élaboration d’un bilan carbone précis.

3. L’origine

Toutes les bases de données ne se valent pas. Des données issues d’ACV spécifiques sont à prendre en priorité (fiche FDES de la base INIES pour le secteur du bâtiment, par exemple). Celles-ci sont plus précises que des données générales, puisqu’elles correspondent à un produit donné et non pas à une moyenne par catégorie de produit. En l’absence de données ACV, il faut prendre en compte les critères de qualité des FE : les représentativités techniques, géographiques et temporelles, la complétude, la précision et l’homogénéité ainsi que l’incertitude.

Petit aparté :
Deux bases de données différentes ne sont pas forcément comparables : afin d’assurer la cohérence dans un Bilan Carbone, il est conseillé de ne pas trop mélanger l’utilisation de plusieurs bases de données.
Deux facteurs d’émission pour un même type de produit ne sont pas toujours comparables non plus : attention à s’assurer avant d’utiliser un quelconque facteur d’émission des étapes de cycle de vie inclues. Cela permet de rester exhaustif tout en s’assurant de ne pas avoir de doublon dans les calculs.

4. La transparence méthodologique 

La méthodologie d’ACV peut être décisive lors de la recherche d’un FE. Un FE ayant une méthodologie de calcul détaillée et sourcée est gage de fiabilité et de précision. Toutes les étapes sont bien prises en compte. En effet, toutes les étapes du cycle de vie doivent être considérées lors d’une ACV pertinente : extraction, transport, transformation, immobilisation des machines de production, co-produits, déchets, fin de vie…

Il est également possible de récupérer des facteurs d’émission spécifiques à une organisation donnée : elle correspond par exemple à l’intensité carbone de l’organisation par une unité d’œuvre (chiffres d’affaires, nombre de produits, nombre de collaborateurs…). Attention à n’utiliser ces facteurs d’émission que dans les cas où les résultats du Bilan Carbone sont disponibles, complets et vérifiables.

5. Le périmètre d’ACV 

Il faut vérifier qu’un FE inclut bien les étapes du cycle de vie que l’on recherche. Si des étapes sont manquantes, il faut s’assurer de les comptabilisées ailleurs, à l’aide d’un autre FE adapté. 

Le périmètre temporel

Certains FE ne sont valides que pendant un certain laps de temps. On peut notamment citer l’exemple du mix électrique moyen de la France continentale (Electricité/2022 – mix moyen/consommation, Base Empreinte) qui est calculé chaque année. 

Le périmètre géographique 

Le choix d’un facteur d’émission peut s’affiner selon la localisation géographique de l’activité. En effet, l’intensité carbone pour un même bien ou un même service peut fluctuer selon les pays. Cela peut s’expliquer par des différences de mix énergétique ou bien de procédés. Le kWh d’électricité en France est en moyenne 15 fois moins carboné que son homologue polonais. Ainsi, certains FE ne sont valables que dans certains pays ou régions. Avoir la localisation des activités est donc une information nécessaire à l’élaboration d’un bilan carbone précis. 

Fioul domestique – Réunion 

3 580 kg éq. CO2/tonne 

Fioul domestique – France continentale 

3 480 kg éq. CO2/tonne 

Fioul domestique – Europe 

3 857 kg éq. CO2/tonne 

Source : Base Empreinte, ADEME 

Conclusion

Le choix d’un facteur d’émission est un élément clef et complexe du calcul d’un Bilan Carbone. Les résultats peuvent varier du tout au tout suivant la méthodologie de calcul sélectionné (ACV spécifique au produit, physique de l’ADEME, physique d’une autre base de données, spécifique à une organisation ou monétaire).

C’est pourquoi il est important d’avoir des bases scientifiques (connaître les matériaux, les process de fabrication, les flux chimiques et physiques) et d’ACV pour savoir calculer un Bilan Carbone de manière pertinente et la plus juste possible.

Les différences entre les méthodes de calcul possibles expliquent aussi l’impossibilité de comparer 2 Bilan Carbone entre eux. Pour rappel, l’objectif d’un Bilan Carbone est de suivre une trajectoire bas carbone en identifiant les grandes masses des activités les plus vulnérables aux enjeux énergie-climat et les plus émettrice en GES et dont dépend l’organisation ! Du Bilan Carbone doit découler une stratégie interne pour réduire les vulnérabilités et les émissions de GES, et non chercher à se comparer aux autres organisations.

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